Endométriose et médecine conventionnelle

Endométriose, douleurs et médecine conventionnelle

Avertissement

ATTENTION, cet article ne se substitue pas à un avis médical et/ou à un suivi par un.e spécialiste ou un.e professionnel.le de l’endométriose. Toute automédication, ou médication par les pairs, est dangereuse. Ne pas prendre de traitement médical sans l’avis d’un professionnel.

Cet article a pour but de vous expliquer le fonctionnement des traitements administrés pour les douleurs relatives à l’endométriose et ne substitue pas à un suivi médical.

Endométriose, ne reste pas seul.e !

En tant qu’endowarrior, j’ai dû apprendre à écouter mon corps et mes intuitions. Depuis l’âge de 13 ans, j’ai erré dans un véritable « désert médical », prenant des traitements inadaptés et/ou inefficaces. Les médecins et gynécologues ne me « prenaient pas au sérieux ».

Si tu penses être atteint.e d’endométriose et si tu en a l’intuition, n’abandonne pas. Quoi que tu entendes et quoi que te disent tes proche va jusqu’au bout de tes démarches.

Sois à l’écoute de ton corps. Ne reste pas seul.es avec tes doutes et tes douleurs. Tu peux prendre contact avec une association de lutte contre l’endométriose, pour t’accompagner dans tes démarches médicales et te soutenir. Trouve un médecin ou un.e professionnel.le de santé qui t’écoute avec attention et bienveillance, en qui tu peux placer ta confiance. Il est important de se sentir soutenu.e et entendu.e dans ce parcours, car cela est aussi important qu’un traitement médical adapté.

Symptômes et douleurs

Les symptômes et les douleurs liées à l’endométriose. Comment les soulager grâce à la médecine conventionnelle ?

Les symptômes :

  • Symptômes digestifs : troubles intestinaux, ballonnements, constipation, diarrhée, intestins paresseux, côlon irritable ;
  • Symptômes urinaires : envie d’uriner fréquente / très fréquente, difficulté à déclencher les mictions, sensation de poids sur la vessie ;
  • Symptômes rhumatologiques : sciatiques, douleurs dans l’épaule droite et dans le bas du dos ;
  • Symptômes douloureux en dehors et pendant les règles : douleurs dans le bassin, les hanches, les psoas, le bas-ventre, les lombaires, les cuisses / sensations de brûlures et de décharges électriques ;
  • Symptômes pulmonaires ;
  • Fatigue chronique ;
  • Règles hémorragiques ;
  • Règles irrégulières.

Les douleurs :

Aujourd’hui, la médecine moderne semble avoir perdu de vue sa mission : soulager les patient.es qui souffrent. Dans le cas de l’endométriose, la maladie n’est pas souvent prise dans sa globalité. Normalement, c’est le.a gynécologue qui répond aux plaintes de douleurs pelviennes. Généralement, les douleurs sont traitées avec une approche hormonale, notamment avec la prescription d’une pilule contraceptive. Les douleurs sont rarement prises en compte et leur traitement reste trop souvent secondaire. Pour bénéficier d’un suivi adéquat, il faut prendre rendez-vous avec un algologue (médecin de la douleur).

Dans le cas de l’endométriose, il existe principalement deux types de douleurs : les douleurs neuropathiques et les douleurs endométriosiques.

Les douleurs neuropathiques :

Les doulours neuropathiques sont un phénomène « d’hypersensibilisation et d’autonomisation du phénomène douloureux ». La douleur vient du « nerf ». Ses terminaisons locales souffrent. Sur le plan mécanique, on parle de « névralgie ». Un nerf irrité entraîne une réaction immédiate et automatique, et participe à l’immobilisation des tissus.

Or, tout tissus quand il s’arrête de bouger, se rétracte et devient douloureux.

Le cerveau est considéré comme un « agent modulateur ». Il est ici primordial de souligner que le cerveau n’invente pas ni ne crée la douleur. Il en module seulement le ressenti. La douleur est mémorisée par notre cerveau. Nos expériences douloureuses et répétées entraînent donc une amplification des messages douloureux . C’est ce qu’on appelle une « hyperalgie centrale ». Les symptômes peuvent croître en intensité et en fréquence.

Types de douleurs neuropathiques : coups de poignard, décharges électriques, contractions, sensation de pesanteur etc.

Souvent, les médecins prescrivent des opiacés et/ou des traitements morphiniques. Or, ces derniers sont des activateurs de la sensibilisation à la douleur. Ils ne sont pas LA solution miracle !

Les douleurs « endométriosiques » :

Les douleurs endométriosiques sont des douleurs typiquement pelviennes ou digestives.

En résumé, c’est l’immobilité des tissus et des organes du bassin qui engendre les douleurs et les blocages :

le tube digestif ne bouge plus, ou très peu, il ne fait plus avancer les selles, la vessie entraîne des mictions fréquentes et peu abondantes, l’estomac empêche la vidange alimentaire de se faire et provoque des nausées, tout en bloquant le diaphragme et le tube digestif supérieur etc.

S’ajoute à ces douleurs une fatigue chronique multifactorielle liée directement à l’endométriose.

Les traitements médicaux contre la douleur

Une association entre molécule mère active et fille inactive sera privilégiée contre la douleur (type oxycodone). Un traitement bien adapté ne doit pas avoir d’effets indésirables. Si c’est le cas, il est préférable d’arrêter le traitement pour en essayer un autre. La qualité de la communication avec le professionnel qui vous suit est une priorité. La personne qui vous accompagne doit être à l’écoute de vos sensations.

Pour information, les effets secondaires d’un médicament surviennent quand celui-ci est sur-dosé ou mal-adapté au mécanisme de la douleur. Ils indiquent qu’on fait fausse route.

Les douleurs qui répondent aux antidouleurs habituels – douleurs nociceptives – sont liées à l’inflammation ou à la lésion, mais pas au système nerveux. Les douleurs qui ne répondent pas à ces antidouleurs sont donc des douleurs neuropathiques, c’est à dire liées aux nerfs irrités qui passent dans les organes. En dehors des périodes des règles, les antalgiques habituels doivent céder leur place à d’autres catégories médicamenteuses comme les antiépiléptiques et les antidépresseurs à visée antalgique.

Les antalgiques :

  • Le paracétamol : il a généralement une action limitée mais il peut avoir une utilité en cas de crise douloureuse . Il réduit également l’amplification de la mémorisation de la douleur.
  • Les AINS (anti-inflammatoire) : ils ont peu d’avantage et d’utilité puisque l’inflammation endométriosique est rarement à l’origine de la douleur. De plus les effets secondaires sont très importants (lésions digestives, insuffisance rénale etc). En cas de crise de douleurs aigües pendant les règles, on peut prendre ponctuellement ces médicaments, en association avec du paracétamol.
  • Les corticoïdes : ils sont à éviter car ils ont très peu d’utilité et leurs effets indésirables peuvent être disproportionnés.
  • Les morphiniques : selon les dernières études, les morphiniques ne sont pas efficaces dans le cadre de l’endométriose. En effet, dans l’endométriose il n’y a pas de « serrure morphinique ». Une seule exception notable avec le tramadol, qui a un réel effet sur les douleurs neuropathiques, et l’oxycodone (mais ils ont tous deux des effets indésirables très importants).

Les médicaments utiles pour les douleurs liées à l’endométriose :

  • Les antiépiléptiques : Ils sont conseillés pour des douleurs comme des « coups de poignard ». Ils jouent sur l’excitabilité du nerf qui, parcequ’il souffre, décharge des informations algiques. Ces traitements font office de pansement, le temps que le nerf cicatrise.
  • Les antidépresseurs : Ils ont un effet antalgique pour les douleurs chroniques ou de type sensation de brûlure.

Ces traitements sont des « traitements de fond » et non de crise. Ils peuvent être pris en complément avec du paracétamol, du tramadol ou de l’acupan.

L’acupan, souvent proposé, a l’avantage de réduire la mémorisation de la douleur. Il joue sur les douleurs neuropathiques aigües, en activant une voie de contrôle identique à celle renforcée par les antidépresseurs à visée antalgique.

Tableau des associations médicamenteuses possibles, ou non, dans le traitement de la douleur, en lien avec l’endométriose :

Type de médicamentTraitement de fondTraitement de crisePendant les règles
MédicamentAntiépileptique
Antidépresseur à visée antalgique
Tramadol (Tr)
Paracétamol (Pa)
Acupan (Acu)
Ibuprofène (Ibu)
AINS (anti-inflammatoires)
Ibuprofène (Ibu)
Associations possiblesOuiTr + Pa + Ibu
Pa + Acu + Ibu
Pa + AINS
Pa + Ibu
Associations contre-indiquéesNonAcu + TrAINS + Ibu
Tableau – Médicaments dans le traitement de la douleur

« Tout sur l’endométriose – Soulager la douleur, soigner la maladie », Dr. Lhuillery Delphine, Dr. Petir Erick, Dr. Sauvanet Eric, Éditions Odile Jacob, 2019.

EndoFrance, « Les symptômes de l’endométriose ».


Sororifemme-Endométriose

Fondée en 2023, Sororifemme-Endométriose est une association ressource, proposant une boîte à outils pratique et bienveillante pour toutes les personnes atteintes d’endométriose.

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