Leï, homme trans non-binaire et endowarrior

Être un homme trans non-binaire et souffrir d’endométriose

Adolescence

Mon parcours avec l’endométriose a commencé dès mon adolescence avec l’apparition de mes premières menstruations. Je ne savais pas encore que j’étais une personne trans à ce moment-là. J’avais des règles très hémorragiques. J’ai vu près d’une dizaine de gynécologues différent.e.s. Tous.tes ont minimisé mon vécu et négligé ma santé.

L’endométriose

J’ai entendu parlé de l’endométriose pour la première fois en 2018, par une amie et une tante qui étaient elles-mêmes concernées.

J’ai fini par obtenir un diagnostic auprès d’un gynécologue obstétricien privé. Ce dernier m’a appris que les traitements que l’on m’avait donné jusqu’alors étaient dangereux et empiraient les symptômes de l’endométriose. 

Trans et handi chronique

J’ai toujours été très mal à cause de l’endométriose. Que ce soit physiquement à cause des douleurs, mais surtout psychologiquement. Je faisais de la dysphorie sans m’en rendre compte. 

Quand j’ai réalisé que j’étais une personne non-binaire transmasculine, beaucoup de questions sont vite arrivées sur la table. 

Je suis handi chronique. J’ai donc un suivi médical très régulier avec différents médecins. La question de devoir parler de transidentité dans le milieu médical est toujours très compliquée, notamment quand il s’agit de parler de gynécologie en tant qu’homme trans. 

Plusieurs fois, j’ai préféré me faire passer pour une femme cisgenre, afin d’éviter les questions intrusives, et les propos transphobes. Je garde en moi la dysphorie en préférant dissocier, plutôt que de prendre le risque de revivre encore des violences médicales (que j’ai malheureusement vécu tout au long de ma vie).

La T (ou testostérone)

Quand est venu la décision de prendre de la testostérone, ce qui m’a décidé d’en prendre était pour l’arrêt possible des règles, et donc des douleurs et des hémorragies, en plus du mal-être psychologique et physique qu’elles causaient. La T pouvait m’apporter la libération que je recherchais.

Aujourd’hui ça fait presque 2 ans que je suis sous testostérone. Je sais que je n’en prendrai pas toute ma vie, car je suis avant tout non-binaire, et je ne souhaite donc pas en prendre de manière définitive. 

Hystérectomie

Depuis que je suis jeune, je souhaite faire pratiquer une hystérectomie : vivre plus sereinement, ne plus avoir de menstruations, m’émanciper de l’endométriose, etc.

Mais il y a beaucoup d’appréhension.

Avant ma transition j’avais déjà pensé à me lancer dans un parcours pour une hystérectomie, bien que cela soit très compliqué. Mais aujourd’hui, je ne suis pas très serein à l’idée de voir un.e chirurgien.ne en lui expliquant que je suis un homme trans souhaitant faire cette chirurgies (hystérectomie). 

J’ai peur de m’exposer à de la transphobie : refus du chirurgien à cause de mon identité de genre, ou au contraire invitation à pratiquer l’hystérectomie car il existe une tendance à accepter les stérilisations volontaires sur les personnes transgenres. 

Aujourd’hui

Aujourd’hui et depuis que je suis sous T, je n’ai plus de suivi gynécologique. J’appréhende énormément ce suivi malgré que mon compagnon – également un homme trans – soit suivi par une gynécologue « transfriendly ». 

Actuellement, je suis toujours majoritairement perçu.e comme une femme. J’ai même tendance à « préférer jouer un rôle de femme cisgenre » plutôt que d’expliquer ma transidentité. D’autant plus quand il s’agit de santé gynécologique et menstruelle, que ce soit dans un contexte social au quotidien (avec des inconnu.e.s) ou avec la majorité des médecins avec lesquels je n’ai pas de suivi régulier. 

J’espère à l’avenir que dans le milieu médicale la transphobie institutionnelle sera moins présente. J’aspre également à ce que les violences médicales soient plus facilement repérables et plus faciles à dénoncer (qu’il s’agisse de transphobie ou non). À l’heure actuelle ces violences musèlent la plupart des malades surtout celleux issu.e.s de minorités. Je souhaite que les personnes trans, dont je fais partie, puissent vivre dans ces espaces sans craindre de représailles et puissent bénéficier d’un suivi médical « safe et bienveillant » qui ne mette pas leur santé en jeu. 


Un témoignage écrit par Leï M. 26 ans, homme trans, non-binaire et endowarrior.

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